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Auteur et conférencier

Auto-entrepreneur : risques et retour d’expérience sur le statut

Warning (19/11/2016) : depuis l’écriture de cette article, certains éléments de la loi semblent avoir changé. Ne prenez donc pas au pied de la lettre les indications de cet article. Nous vous conseillons dans tous les cas de figure de consulter le centre des impôts, le site de Net-Entreprise et surtout un expert comptable.

L’auto-entreprise, ce statut si simple à créer que l’on se demande même pourquoi tout ne pourrait pas être aussi simple avec les autres formes d’entreprises, est une bonne chose pour l’entrepreneuriat. Pour être maintenant en EURL, je regrette le temps où je n’avais qu’une seule chose à faire : déclarer mon chiffre d’affaires tous les trimestres et payer dans la foulée les charges qui vont avec. Simple, rapide et efficace, ce statut est génial pour créer son entreprise sans risques. On peut la créer en moins de 5 minute en lignes, et la radier avec (presque) autant de rapidité.

Le problème, c’est que nous ne sommes pas dans le monde des Bisounours, et ce qui peut paraître très simple au premier abord peut devenir une véritable plaie. Voici donc un petit retour d’expérience sur mon ancien statut, et les quelques déboires qui vont avec.

Logo Auto Entreprise
Comme le montre le logo, être AE c’est rigolo

La comptabilité

La première que l’on apprend et que l’on apprécie, c’est qu’il n’existe aucune obligation de tenir une réelle comptabilité comme le font les autres entreprises. Vous devez juste noter (et pouvoir prouver) l’ensemble de votre chiffre d’affaires pour le déclarer chaque trimestre.

Si vous êtes auto entrepreneur juste pour vous faire « un peu d’argent de poche », la comptabilité ne va pas vous intéresser réellement. Mais dans le cas où vous allez justement créer un réel business et que vous aimeriez le voir se développer, mon conseil est simple : commencez dès le début à faire une vraie comptabilité.

Même si elle ne vous sera pas demandée, cela vous habituera aux contraintes que vous aurez plus tard, et vous saurez ainsi bien mieux

  • gérer votre comptabilité dans votre planning quotidien ;
  • connaître réellement vos charges et votre rentabilité.

En plus, quand vous dépasserez le plafond, on vous demandera toute votre comptabilité depuis le 01 Janvier dernier. Donc autant commencer dès maintenant.

Le dépassement de plafond

Si vous avez suivi mon premier conseil, le second sera bien plus facile à gérer et anticiper. En tant qu’auto entrepreneur, vous avez un plafond légal de chiffre d’affaires annuel à ne pas dépasser pour rester dans le statut

  • 32 900€ HT pour la prestation de service, avec un seuil de tolérance à 34 900€ ;
  • 82 200€ HT pour les activités d’achat/revente, avec un seuil de tolérance à 90 300€

En d’autres termes, si vous dépassez le plafond élargi, vous devrez obligatoirement changer de statut l’année prochaine. Si vous dépassez uniquement le 1er plafond, vous garderez la possibilité d’être auto entrepreneur une année de plus.

Attention : tout cela se calcule toujours au prorata temporis. Ces seuils sont donc les bons si vous faites 12 mois d’activité. Si vous êtes auto entrepreneur depuis le 01 Juillet, vous n’aurez que 6 mois d’activité cette année : il faut donc diviser les seuils par deux pour connaître votre plafond réel (ici, cela donnerait pour les seuils de tolérance 17 450€ pour la prestation de services et 45150 pour l’achat/revente).

Les associations de gestions agréés

Cela a été ma première vraie erreur, et sans doute la plus coûteuse : ne pas avoir adhérer à un centre de gestion agréé dans les 5 premiers mois de l’année.

Ces centres, appelés couramment AGA, permettent aux entreprises individuelles de faire valider leurs comptabilités. Si par exemple vous êtes une EIRL soumise à l’impôt sur le revenu, c’est obligatoire. En tant qu’auto entrepreneur, ce ne l’est pas du tout (je vous rappelle qu’il n’y a aucun obligation de tenir une vraie comptabilité). Une AGA coûte entre 50€ et 200€ par an environ. Les EIRL qui ne le font pas dans les 5 premiers mois de l’année (donc jusqu’au 31 mai de l’année en cours) vont ainsi voir leur impôt sur le revenu majoré de 25% (et ça fait mal).

Sauf que, lorsque vous dépassez le plafond de chiffre d’affaires en tant qu’AE, vous avez l’obligation de changer de statut. Dans les faits, ce changement aura lieu le 01 janvier suivant. Sauf qu’en réalité un premier changement a bien eu lieu : dès le dépassement du plafond, vous avez basculé en entreprise individuelle de manière rétroactive depuis le 01 janvier dernier pour le calcul de l’imposition.

Si vous dépassez ce plafond après le 31 Mai, il est donc trop tard pour souscrire à une AGA. Vous aurez donc une « pénalité » de 25% de votre impôt sur le revenu. Pour ma part, les gestionnaires des impôts et ma comptable m’ont expliqué que j’étais dans un « vide juridique », un petit vide qui représentait une jolie pénalité de plus de 1200€. Croyez-moi, ça fait cher la pénalité, surtout que j’étais théoriquement en règle. Si j’avais anticipé ce basculement rétroactif, et que j’avais souscris à une AGA à 200€, j’aurais donc ainsi économisé plus de  1000€.

Mon conseil est simple : s’il y a le moindre risque de dépasser le plafond dans l’année, souscrivez immédiatement à une AGA. Cela vous économisera des centaines d’euros…

La TVA

Autre élément à faire attention : anticipez chaque mois le dépassement de plafond pour la TVA. En effet, dès que vous dépasserez le plafond, vous devrez facturez cette taxe; et cela depuis le 1er jour du mois de dépassement. Par exemple, si vous dépassez le plafond le 15 Juillet, vous devrez avoir commencé à facturer la TVA dès le 01 Juillet.

Posez-vous donc la question à chaque début de mois :

Y a-t-il un risque que je dépasse le plafond ce mois-ci ?

S’il est certain que ce soit le cas, commencez tout de suite à facturer la TVA. S’il cela est possible mais peu probable, décalez tout simplement vos paiement au début du mois suivant pour facturer tout en TVA dès le 01.

Comptabilité
Facturer la TVA, une de ces grandes joies de la comptabilité

Dans les deux cas de figure, pensez à vous inscrire en ligne sur le site des impôts pour les professionnels pour demander un accès, puis pour pouvoir payer chaque mois ou chaque trimestre votre TVA.

Etre AE, c’est être un entrepreneur comme les autres

Comme je l’ai dit, être auto entrepreneur est facile et rapide. Le souci, c’est qu’un certain nombre ne vont pas réellement considérer être une entreprise. Vous avez pourtant certaines règles et conseils qu’il est judicieux de suivre pour éviter tout problème, notamment :

  • Souscrire à une Responsabilité Civile Professionnelle (pour vous protéger vous, vos clients et partenaires) ;
  • Prendre un contrat de prévoyance (car en cas d’arrêt de travail ou d’arrêt maladie, vous n’aurez le droit à rien en tant qu’auto entrepreneur) ;
  • Avoir un contrat type et des conditions générales de vente bien conçues dès le début ;
  • Bien calculer son seuil de rentabilité et son coût horaire.

Changer de statut

Comme indiqué plus tôt, vous changez automatiquement de statut quand vous dépasserez le plafond. De base, vous deviendrez une EIRL soumise à l’impôt sur le revenu.

Ce n’est pas un mauvais statut, mais il ne sera pas forcément adapté à vos besoins et à vos objectifs à long terme. Je vous conseille donc très vivement d’aller voir un comptable (et/ou un avocat) pour en discuter avec lui car il sera sans doute le mieux placé pour vous conseiller à ce niveau là.

Le planning

Et voici un petit planning simple que j’ai fait et que j’aurais aimé avoir sous le coude :

  • Au long de l’année :
    • Chaque début de mois, calculer si l’on va dépasser le plafond autorisé ;
    • Entre le 01 Janvier et le 31 Mai, souscrire à une AGA ;
    • Dès le dépassement de plafond, aller voir un comptable pour discuter du changement de statut ;
  • Chaque trimestre :
    • Début Avril : déclarer et payer ses charges (et éventuellement sa TVA) ;
    • Début Juillet : déclarer et payer ses charges (et éventuellement sa TVA) ;
    • Début Octobre : déclarer et payer ses charges (et éventuellement sa TVA) ;
    • Début Janvier de l’année suivante : déclarer et payer ses charges (et éventuellement sa TVA).

Et maintenant

Je suis maintenant en EURL. L’auto entreprise m’aura permis de créer mon activité, de la tester, de la développer et de la rendre rentable et pérenne. Et mis à part ma grosse erreur liée à l’AGA, et au fait de ne pas avoir commencer plus tôt à tenir une réelle comptabilité, je suis content que ce statut existe et puisse permettre à certains d’entre nous de créer leur première entreprise.

Crédit photo : Guillaume Brialon

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